UN MIROIR SANS TAIN
27 juin 2020 Stéphane Riand
Il aura donc fallu plus de cinq ans depuis le mois d’août 2015, date des premiers articles de L’1Dex, pour que le ministère public inculpe formellement les criminels en cols blancs du Verbiergate. Bon, ce n’est pas encore fait, me dira-t-on, mais il n’y a pas une âme raisonnable dans l’ensemble du canton pour parier sa fortune sur l’établissement d’une ordonnance de classement mettant fin à la procédure pénale; à l’opposé, les parieurs miseraient gros sur la prochaine inculpation de toute une série de fieffés coquins dont les noms sont sur toutes les lèvres et qui ont déjà été mentionnés clairement dans le feuilleton du Verbiergate et sur la page Facebook de Gabriel Luisier.
Prochainement ces héros figureront dans le rapport de la COGEST, dont la publication ne pourra pas même être retenue jusqu’aux élections communales du mois d’octobre prochain.
Le Valais institutionnel a ainsi dérivé jusqu’aux confins de la manipulation la plus outrancière, de l’illégalité la plus incontestable, du mensonge le plus indécent et du dévoiement démocratique le plus regrettable. Tous les artifices dilatoires les plus désolants auront été utilisés pour que ces élus, fonctionnaires, architectes ou promoteurs, malhonnêtes, incompétents, bêtes ou marqués du sceau de l’insanité, ne soient pas attraits devant les tribunaux et ne soient pas renvoyés devant des juges et sévèrement sanctionnés.
À l’échec gouvernemental, judiciaire, administratif, succède, en Valais, l’échec médiatique, les trois médias dominants, Le Nouvelliste, Rhône FM et Canal 9, ayant démontré non seulement une frilosité stupéfiante, mais également une servilité attentatoire à la dignité du journalisme. Le Journalisme a révélé une capacité suicidaire dans laquelle se sont engouffrés avec frénésie les réseaux sociaux, les faiseurs de fake news, les complotistes et les assassins de la démocratie et de l’État de droit.
Les pressions, internes et externes, subies par Vincent Fragnière, auxquelles il n’a pas su résister, la présence à l’intérieur de Rhône FM de Dodo Ribordy, dont les talents ont été révélés dans « Philippe Lorétan et le Cas Sembrancher », et de l’Orangissime Fabrice Germanier, par ailleurs responsable du Service de l’édilité et des constructions de Vétroz [1] et pourfendeur systématique en privé de L’1Dex, dont il ne supporte plus les vérités démontrées, ainsi que le choix de la rédaction de Canal 9 de s’extraire de ces affaires de crainte de ne plus recevoir suffisamment de subventions, font que le Valais n’a peut-être plus voulu une presse libre et indépendante, privilégiant, sans avoir jamais débattu sur la question, l’harmonie factice, les mensonges des petits copains et la technique des expulsions manu militari, passées ou futures, de ceux qui avaient désiré un peu plus d’éthique, de légalité et de vérité dans leurs pratiques professionnelles (RSV, Patrice Martinet, Gabriel Luisier, Jérémie Pralong, Joël Rossier, Alain Cottagnoud,Éric Voutaz, Mr Statistique VS, Georges Van Mellaert, Il est cinq heures, etc.).
La liste des méfaits et des malfrats devient si étendue que le miroir sans tain des feuilletons de L’1Dex, mis à la disposition de tous les citoyens curieux, est entré sans le vouloir, en raison, je crois, du silence assourdissant des médias à son sujet, dans l’histoire du Valais contemporain. Un jour, un historien, d’ici ou d’ailleurs, s’interrogera sur la nature de ce révélateur, insolent, caustique, mais vrai, de ce Valais des faussaires et sur l’inexplicable (quoique …) couardise de ceux qui auraient pu diriger ce canton dans une autre direction.
J’ai annoncé il y a très longtemps ce moment où le Valais aura à s’interroger sur lui-même lors de procès à grand spectacle. Au banc des accusés se trouveront des Valaisans « honorables », épaulés par des avocats sophistes et par un procureur prudent, qui stigmatiseront les méchants messagers, qui pointeront les carences de l’instruction et l’absence de diligence des uns et des autres, qui s’extasieront devant la moralité légendaire de leurs mandants, qui imagineront les causes de leurs désagréments. Mais le Valaisan des profondeurs ne sera pas dupe; même silencieux et tapi dans sa demeure isolée, se sachant entouré de vrais tarés, il aura compris que ceux à qui il croyait pouvoir faire confiance se sont moqués de lui pour satisfaire leurs plus vils instincts, peints avec les couleurs de la perversité, de la méchanceté, de l’illégalité, de l’avidité, de la cupidité et de l’insanité.
Comme me le disait hier soir un sage et un connaisseur de l’âme humaine, le problème n’est plus celui de la réalité du constat, mais celui de l’acceptation institutionnelle de cette responsabilité. Un précipice, qu’il disait. Un fossé donc entre ce moment où les visages des présumés innocents sont révélés par les policiers aux victimes cachées derrière le miroir sans tain, et celui où des magistrats ou des gouvernants, des autorités en somme, traqueront et emprisonneront ces « honorables » Valaisans de chez nous.
Ou les épargneront et les innocenteront par crainte que le puits duquel ils seront extraits ne soit trop profond, et qu’eux-mêmes ne soient emportés par ce tsunami de vérités.
Bonjour aux fabricants de miroirs sans tain.
[1] Olivier Cottagnoud, président de Vétroz, ne me contredira pas : ce pourrait être l’objet d’un autre feuilleton !